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dimanche 17 octobre 2010

Le discours de la peur

L'un des arguments favoris des procureurs de la bien-pensance qui sévissent un peu partout de nos jours, lorsqu'un malotru s'avise de faire une remarque qui n'est pas de leur goût, consiste à rétorquer à cet impudent petit rabat-joie qu'il ne fait que véhiculer le discours de la peur. Naturellement, il est évident que c'est surtout un moyen pour ces chasseurs de fascistes et autres résistants en canapé d'éviter de répondre sur le fond, mais il me semble néanmoins qu'on ne remarque pas assez souvent à quel point cet argument, si tant est qu'on puisse qualifier de la sorte cette rengaine, qu'il est d'usage d'asséner sur un ton inquiet, censé trahir sa consternation et son malaise, est profondément et incroyablement con. J'aimerais en effet qu'on m'explique en quoi la peur est forcément un sentiment illégitime et irrationnel ? Si je me tiens sur une route et que je vois une voiture me foncer dessus à toute vitesse, je ressens effectivement de la peur, ce qui m'amène à me jeter sur le bas-coté afin d'éviter de finir comme un vulgaire hérisson écrasé sur le bitume, mais je dois avouer que je ne vois là rien que de très rationnel. Que faudrait-il donc que je fasse au lieu de cela ? Si l'on en croit tous les crétins qui nous assomment avec cet argument à la con, il faudrait que je reste tranquillement sur la route en attendant d'être réduit à l'état de compote, expliquant aux imbéciles qui m'enjoignent de foutre le camp, au mieux qu'ils n'ont rien compris, au pire que ce sont des personnages douteux qui essaient de jeter le trouble dans mon esprit en m'inspirant de la peur.

La civilisation européenne est un hérisson sur lequel fonce un trente-cinq tonnes et qui ne trouve rien de mieux à faire que de rester tranquillement le cul posé sur le bitume en attendant qu'il lui passe dessus. C'est d'ailleurs à se demander si cette pauvre bête n'est pas fatiguée de vivre, au point qu'elle se dit que, finalement, ce trente-cinq tonnes est un moyen comme un autre de mettre un terme à son existence, puisque de toute façon elle n'a même plus la force de croire qu'elle vaut quelque chose, d'ailleurs elle est même convaincue qu'elle n'a jamais valu quoi que ce soit. Après tout, si l'on regarde un peu la vie de ce hérisson, que voit-on sinon une suite sans fin de crimes à l'encontre des fourmis et des autres insectes qu'il a opprimés jusqu'à plus soif ? Il est d'ailleurs étonnant qu'un aussi fieffé salop que cet animal soit convaincu de n'avoir rien à craindre, pas même de la part de ces insectes qu'il martyrisait il y a peu encore, et qui à ce qu'on dit en souffrent encore aujourd'hui. Mais que voulez-vous, on ne peut pas demander à un hérisson de faire preuve de logique, pas plus qu'à un journaliste, du moins pas beaucoup plus.

Bref, laissons là notre hérisson pour revenir à notre sujet, ce qui est particulièrement intéressant avec ceux qui nous gratifient de cet argument, c'est qu'ils passent eux-mêmes leur temps à essayer de nous faire peur, à nous expliquer qu'au rythme où vont les choses, avec l'ambiance nauséabonde qui règne en ce moment, on risque de voir ressurgir les heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. On pourra d'abord remarquer que, depuis le temps qu'ils nous prédisent le retour de la bête immonde et qu'on l'attend toujours, cette pauvre bête a dû passer l'âge de la ménopause depuis un moment et que son ventre ne doit plus être très fécond. Mais enfin ce qui est surtout étonnant, c'est que visiblement la peur n'est pas mauvaise pour tout le monde. De toute évidence, il y a les bonnes et les mauvaises peurs, celles auxquelles il convient de prêter attention et celles qu'il faut taire à tout prix.

En un sens, ce n'est d'ailleurs pas faux, en cela qu'il y a en effet des peurs parfaitement rationnelles et d'autres tout à fait irrationnelles. Par exemple, quand je crains de voir l'Europe disparaître sous l'effet de l'immigration, c'est une peur tout ce qu'il y a de plus rationnelle, dont je peux démontrer qu'elle est fondée sur une réalité, à savoir les données de la démographie du continent. En revanche, quand un crétin se croit obliger de nous expliquer, à mots plus ou moins couverts comme s'il risquait lui-même d'être déporté si l'on apprenait qu'il avait osé bravé ainsi la loi du silence, qu'il craint de voir la France revenir à Vichy à cause des expulsions de Roms, cette peur, qui parfois (c'est triste mais vrai) n'est même pas feinte, est parfaitement irrationnelle. J'aimerais en effet qu'on explique en quoi le fait d'expulser quelques poignées de Roms avec indemnité à la clé, qui par dessus le marché pourront s'empresser de revenir une semaine plus tard, s'apparente à la déportation des Juifs vers les camps de la mort pendant la Seconde Guerre mondiale.

En vérité, il n'y a rien de plus utile que la faculté de pouvoir ressentir de la peur, à condition que celle-ci ne soit pas paralysante. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la quasi totalité des animaux ont cette faculté. En effet, si l'on examine cette question à l'aune de la théorie de l'évolution (vous savez cette théorie scientifique que les prêtres sodomiseurs d'enfants refusent d'accepter, du moins à ce qu'on dit), on s'aperçoit que c'est probablement parce qu'une espèce animale qui serait incapable de ressentir la peur n'aurait pas le temps de transmettre son patrimoine génétique et disparaîtrait rapidement, ou plus exactement elle n'aurait pas l'occasion d'apparaître. Imaginez quelqu'un, comme notre hérisson, qui ne connaît pas la peur, le genre franchement téméraire quoi, eh bien vous n'aurez aucun mal à vous figurer que cet individu ne fera pas de vieux os. Il en va de même pour les sociétés et les civilisations : une société qui ne craint jamais pour sa survie est appelée à disparaître assez rapidement, un peu comme notre hérisson avec le camion.

17 commentaires:

  1. Mon épouse aménage chaque automne, dans les recoins du jardin, des abris pour les hérissons : dites au vôtre que nous lui consentons bien volontiers l'asile politique...

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  2. J'aimerais en effet qu'on m'explique en quoi la peur est forcément un sentiment illégitime et irrationnel ? Si je me tiens sur une route et que je vois une voiture me foncer dessus à toute vitesse, je ressens effectivement de la peur, ce qui m'amène à me jeter sur le bas-coté afin d'éviter de finir comme un vulgaire hérisson écrasé sur le bitume, mais je dois avouer que je ne vois là rien que de très rationnel."

    Je ne sais par où commencer, ce qui nous fait d'emblée un point commun. Alors, voyons... Vous confondez la peur et l'instinct de survie, il me semble.

    (je me présente. Dorham : casse-pieds de service. Homo blogus à longs commentaires. Statut : de passage)

    En réalité, quand un camion vous fonce dessus, vous n'avez pas le temps d'avoir peur. Vous identifiez un danger et une décharge d'adrénaline vous permet instantanément de dépasser tout cela. Tout s'explique scientifiquement.

    La peur, a contrario, ne peut être action (ou réaction). Il s'agit d'un processus qui résulte de l'imagination et provoque la tétanie.

    L'instinct de survie n'est absolument pas "raisonnable", il ne s'agit là que de chimie et il ne nous distingue en rien de toutes les autres bêtes de cette terre qui sont quant à elles, privées de raison. Enfin, je ne sais pas, je n'ai jamais joué aux échecs avec un pingouin...

    (le hérisson, s'il allait vite, en somme, saurait se sauver)

    Pour mieux comprendre la peur, vous devriez peut-être choisir un autre exemple. Moins tronqué, mettons...

    Vous marchez dans la rue et vous entendez des bruits étranges derrière vous. Vous ne savez pas ce que c'est. Vous pressez le pas, les bruits redoublent, vous commencez à paniquer. Cette panique vous empêche de sauver votre peau - de quoi d'ailleurs ?

    Vous avez peur parce que votre imagination fonctionne à pleins tubes.

    (...)

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  3. (...)

    Plus loin, vous vous vous avisez qu'il s'agit d'un vicieux matou qui vous suit à la trace et fait tomber des couvercles de poubelle. Ou de feuilles qui bruissent dans les arbres. Vous voilà rassuré. Au passage, vous vous dites que vous avez été bien ridicule.

    Si vous vous rendez compte finalement qu'un dangereux truand vous piste un couteau de boucher à la main, et bien, le besoin de sauver votre peau contredira votre peur et vous enjoindra derechef à l'action.

    Bref, la peur (qui n'est pas un sentiment mais une émotion, donc non rationnelle, comme la colère en est une autre) n'est absolument rien (du vent dans les arbres) et ne peut en aucun cas être reliée à la raison.

    Une preuve éclatante de ce que j'avance : les hommes que l'on identifie parmi les plus courageux ne furent jamais ceux à agir dans la précipitation, à écouter leur peur. Plutôt que de réagir, ils ont préféré agir après avoir tempéré, réfléchi. Pensé. Avec leur raison. Parce que l'instinct de survie ne peut en aucun cas être collectif. Voyez les mouvements de foule, voyez les manifestations. La raison n'a strictement rien à voir avec ce que vous décrivez, qu'il s'agisse de peur ou d'instinct de survie.

    Vous le démontrez vous-même en fait, dans vos deux exemples de peur. L'une supposée raisonnable (c'est impossible mais bon), l'autre non.

    Leur peur de revenir jusque sous Vichy est infondée et basée sur des extrapolations. Votre peur de la chute du monde occidental est absolument identique. Vous avez de chaque coté des données, des comparaisons à effectuer, des références à mettre en relation, des faits divers à ressortir de vos lectures quotidiennes, mais aucun de vous n'étant devin, vous vous devez d'imaginer ce qu'il va résulter de cette situation (en fait, de cet agglomération grumeleuse de faits isolés). Bref, vos imaginations fonctionnent à plein régime. Vos peurs se reluquent dans le miroir.

    Votre dernier paragraphe est merveilleux de contradictions. Vous finissez par vous rendre compte que les animaux ressentent aussi de la peur (ce qui rend caduque votre comparaison avec le hérisson) et vous continuez de penser que c'est une chose douée de raison.

    Franchement...Votre billet est sens dessus dessous.

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  4. Je me demande comment ceux qui ont peur de revenir à l'époque de Vichy se seraient comportés à l'époque de Vichy.

    J'imagine une grand-mère expliquer à sa petite-fille, dans trente ou cinquante ans:
    - Il y avait à cette époque (la nôtre, celle de maintenant)une grosse tendance des musulmans intégristes à s'implanter un peu partout, à essayer de faire reculer la mixité, les droits des femmes... On les a d'abord laissé faire , mais quand ils ont poussé le bouchon un peu trop loin, tout le monde a réagi, les pires ont été renvoyés ou mis hors d'état de nuire et on a oublié toutes ces histoires. (mode optimiste)
    - Il y avait un climat de crise, les politiciens incompétents se succédaient, et de plus en plus de gens ont dit que finalement ce que proposait l'islam au moins c'était clair et net et que ça valait bien autre chose. Tout à commencé par le voile généralisé dans les quartiers habités par les musulmans, et par l'assentiment des gens plutôt de gauche qui ne voulaient pas rejoindre l'extrême-droite chevauchant son cheval de bataille de l'immigration. Alors l'islam pris de plus en plus de pouvoir, ses opposants se sont retrouvés isolés, voilà pourquoi ta mamie pouvait aller à la piscine avec son petit ami et sortir avec le soir sans être mariée, alors que toi non, et ton frère homosexuel encore moins. (mode pessimiste)

    (pitié pour les hérissons!)

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  5. Ah, je vois que Dorham, une fois de plus, n'a pas fait le déplacement pour rien !

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  6. Cher Dorham,

    je crains que vous n'ayez rien compris à mon billet. L'histoire du hérisson n'avait pas pour but de démontrer quoi que ce soit sur les animaux, ce n'était qu'une métaphore visant à démontrer le caractère parfaitement ridicule de l'argument dont je parlais plus haut. Tout ce que je voulais montrer, c'est qu'il a des peurs tout à fait rationnelles, ou plutôt qu'il est peut être parfaitement rationnel d'éprouver de la peur. Mais je peux prendre un autre exemple si vous y tenez.

    Imaginez que j'apprends que quelqu'un a lancé un projectile d'un certain poids depuis un certain point avec une certaine force il y a un certain temps. Ayant quelques rudiments de physique, il me sera facile de calculer approximativement le point de chute de ce projectile, ainsi que sa quantité de mouvement à l'impact. Si je découvre de la sorte que ce projectile va me tomber sur la gueule avec une puissance suffisante pour m'éparpiller aux quatre coins du pays, je peux vous assurer que je vais éprouver de la peur.

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  7. Cependant, sauf à considérer que seul un être irrationnel pourrait se fier à Newton, il me semble que cette peur serait tout à fait rationnelle, ou si vous préférez qu'il serait raisonnable pour moi d'avoir peur. À l'inverse, si quelqu'un à qui l'on a fourni les mêmes informations et qui se trouve au même endroit que moi n'éprouve pas de la peur, je puis tranquillement affirmer qu'il est irrationnel, ou que sa connaissance de la physique souffre d'une déficience tout à fait regrettable.

    De la même façon, quand vous m'expliquez que ma crainte de voir l'Europe disparaître est irrationnelle, tout ce que vous démontrez, c'est l'insuffisance de vos connaissances mathématiques. En effet, il n'est pas besoin d'être devin pour faire cette prédiction, pas davantage que pour prédire où va tomber le projectile dans l'exemple précédent, il suffit d'avoir quelques rudiments de mathématiques et de disposer des données démographiques de l'Europe.

    Si vous ne pouvez pas voir cela, c'est bien regrettable, mais j'ai bien peur que ce ne soit dû qu'à votre ignorance, alors ne venez pas m'expliquer que je me prends pour Tirésias, qui plus est sur un ton condescendant qui sied mal à votre situation. Si vous tenez absolument à finir éparpillé, c'est votre problème, mais quant à moi je préfère m'écarter du point d'impact du projectile, dussé-je pour cela être accusé d'avoir peur.

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  8. "je crains que vous n'ayez rien compris à mon billet."

    Je vois que question condescendance, vous n’êtes pas en reste, mais c’est de bonne guerre. Ne craignez rien, nous sommes d'accord. Je n’ai strictement rien compris à votre billet car, comme je l'ai écrit, il me semble absolument sens dessus dessous et à peu de choses près, proprement inintelligible.

    Quand on use de paraboles (et non de métaphores), il est préférable de les choisir avec soin. C'est - en quelque sorte - le postulat de départ.

    Tout comme nombre de philosophes l'ont démontré, et mieux que je ne le fais, il n'y a pas de peur rationnelle, retournez le problème en tout sens si vous voulez, niez l'évidence si cela vous chante, mais c'est indibutable, ou alors vous pensez dans une langue différente que le français. Il n'y a pas de peur raisonnable parce que l'imagination n'est pas raisonnable. Il n'y a pas d'instinct de survie raisonnable non plus car il ne s'agit là que de réactions chimiques (les mêmes qui nous animent quand nous sommes sujets au "stress" par exemple).

    Je m'avise également que vous confondez peur et crainte. Si ces deux mots existent, c'est parce qu'il est possible de les distinguer. Vous avez des connaissances en physique et en mathématique (meilleures que les miennes à n’en pas douter) - sans doute - mais vous êtes loin du compte question sémantique. Et la sémantique est la première science de tout individu qui souhaite se frotter aux concepts.

    Je ne suis pas si condescendant que cela, notez bien, parce que j’expose tout de même longuement ce qu’il me tient à cœur d’expliciter. Si j’usais de condescendance, j’expédierais votre billet en deux phrases acerbes (comme on le fait tant et plus dans la blogo), vous me répondriez agressivement (je l'aurais mérité) et on n’en parlerait plus.

    Je trouve seulement que vous expédiez la question un peu vite : avec des arbalètes en plastique dont les viseurs sont défectueux.

    Reprenons votre histoire de cailloux par exemple. Elle me semble encore impropre, je suis désolé de vous le dire. Vous frisez même ici la plus parfaite mauvaise foi. De quoi parlez-vous, en l’espèce ? D’une déchéance du monde occidental, que vous dites menacé par les dernières vagues d’immigration. Ça se défend, ça se discute. Je ne suis pas d’accord mais c’est votre droit d’identifier ce danger. Mais en l’espèce, puisque vous annoncez un danger, vous n’en êtes pas encore à vous demander de quel coté fuir pour éviter le caillou qui menace de vous écraser l’occiput. Et vous le savez tout comme moi. Vous avez encore le temps d’analyser, de constituer un blog pour défendre et véhiculer vos idées, d’affirmer à vos contradicteurs que vos solutions sont les meilleures, qu’ils ont "des arguments à la con", et que les vôtres sont nettement plus intelligents et fondés, que le danger que vous identifiez est réel et que la cécité volontaire de vos adversaires menace de les emporter comme une lame de fond. Vous n’êtes donc pas dans la peur, pas en train de vous tordre le cou pour éviter le caillou. Votre histoire de danger imminent ne tient pas, en l’espèce (III, le Retour), et vous faites donc fausse route. Après, comment dire ?, chacun ses dangers, chacun ses solutions.

    Ne pas céder à la peur (il suffit dans l'Histoire de constater où la Peur nous a mené - en 1914 par exemple) ne signifie pas que l’on devienne subitement incapable d'identifier un danger, au mieux de se préparer non pas à l'éviter, mais à LE COMBATTRE. Vous ne devriez vraiment pas insister sur ce point parce que vous vous êtes véritablement trompé de chemin. Et donc de cible.

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  9. Je vais finir avec une histoire de mathématique ancienne.

    Mon arrière grand-père vivait dans une exploitation, au bord de l'Adriatique, tout près d'Ancône. Sa famille travaillait à la ferme avec nombre d’autres, sous la coupe d'une sorte de Seigneur qui ne s'avouait pas – l’Italie avait à cette époque un bon siècle de retard. Comme il était de coutume, lorsqu'un enfant devenait trop grand, et que l’on ne parvenait plus à nourrir toutes les bouches, on l'envoyait à l'étranger vivre sa vie.

    Quand mon arrière grand-père Gino parvint en France, il ne subit aucun racisme. Aucun. Les italiens n’étaient pas encore si nombreux. C'était la toute fin des années 10 ou le tout début des années 20. L'immigration italienne commençait tout juste à être massive. [On en constate en fait les premiers soubresauts à la fin du 19ème siècle mais elle devint véritablement significative au début du 20ème, avec un vrai coup d'accélérateur durant les années 30.]

    Je reprends. Fin des années 10, début des années 20, mon grand-père arrive en France. Pas de racisme. Personne ne lui demande rien. Il s'installe, multiplie les petits boulots. Parvient à assurer sa subsistance. Les français tolèrent bien les transalpins (comme ils toléraient les arabes en 1970)

    En fait, ce brave Gino (futur FFI) ne commença à subir le racisme qu'à partir du début des années 40, quand les français commencèrent à se rendre compte que les italiens étaient véritablement nombreux. Qu’ils les encerclaient en quelque sorte. A cette époque là, les français ne disaient pas que l'Europe était menacée, parce que la culture européenne, ils s'en contrebranlaient (c'est la dernière marotte des réacs, la culture fourre-tout européenne et occidentale / ils sont paradoxalement anti-Europe et anti-internationaliste la plupart du temps ; on s’arrange comme on peut ; comprenne qui pourra)... A cette époque là, on ne voyait pas au-delà des frontières françaises donc, et il y en avait des français, des "français de souche", pour affirmer que leur identité, leurs emplois, leur culture, leur sécurité, étaient en danger. A cause des ritals, des polaks, des espingouins et des portos. De leurs obscurantismes, d'un atavisme les prédisposant au vol, à la délinquance, au mensonge et au manque d'hygiène. Eux aussi avaient des chiffres, des références, des mathématiques, des données objectives : culturelles, ethniques, sociales.

    Or, aujourd'hui, les italiens, mais aussi les portugais, et les polonais, sont parfaitement assimilés à ce Pays, la France, mon pays, autant le mien que le vôtre, malgré mes origines. Et parfois, ils identifient le même danger que vous. Ils ont même parfois l’excès des fraichement convertis. C'est aussi la Force Absolue de la culture française (et non européenne), qu'il faut continuer d'affirmer, bien sûr, devant les obscurantismes, les violences, et les racismes (y compris anti-blancs).

    (J'en reste là maintenant et vous souhaite bonne continuation).

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  10. Vous avez raison, j'ai sans doute plus de connaissances que vous en mathématiques et en physique. Mais comme vous n'avez décidément pas de chance, je crains d'être aussi plus versé que vous dans la philosophie et la sémantique. Il se trouve en effet que je fais une thèse en philosophie, dans une université qui n'est pas exactement reconnue comme le pire endroit pour cela. Quant à la sémantique, contrairement à vous, j'ai étudié cette discipline, et, pour tout vous dire, c'est grâce à un papier qui traitait notamment de sémantique que j'ai été admis dans le programme où j'étudie en ce moment. Or, à ma connaissance, aucun philosophe n'a jamais démontré que ce que je dis était faux, ni d'ailleurs aucun linguiste. Et pour cause, puisque ce que je dis relève du simple bon sens. Vous parlez de choses que vous ne connaissez absolument pas et vous essayer de nous faire croire que vos affirmations ont un fondement scientifique. Mais hélas pour vous je ne suis pas un étudiant en sociologie à qui il suffit de balancer deux ou trois mots tirés du grec et comptant plus de trois syllabes pour l'impressionner. Vous avez parfaitement le droit de faire une distinction entre la crainte et la peur, pour ne citer que cet exemple parmi vos élucubrations pseudo-scientifiques, j'irai même jusqu'à dire que cela peut s'avérer fort utile dans certains cas, mais ne me faites pas rire en m'expliquant qu'elle a un quelconque fondement scientifique. N'importe quel linguiste sait que les expressions d'un langage naturel, dont le sens est fixé par l'usage, ne sont pas assez précis pour qu'on puisse régler une question de ce genre à coup d'affirmations péremptoires comme vous l'imaginez, précisément du fait que l'usage est trop lâche pour fixer exactement le sens d'un mot. Il y a sans doute de subtiles nuances de sens entre ces deux mots, encore qu'on puisse également interpréter cela comme une différence de ton entre deux mots qui ont le même sens (je précise avant que vous ne m'expliquiez que j'ignore la signification du mot "ton" que je l'emploie ici au sens technique défini par Gottlob Frege, que vous connaitriez si vous aviez en effet quelques notions de philosophie du langage et de linguistique), mais en tout état de cause l'usage qui prévaut, il suffit de jeter un coup d'oeil à un dictionnaire de synonymes pour s'en convaincre, est d'en user comme s'ils avaient le même sens.

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  11. Mais quoi qu'il en soit cette question est tout à fait hors de propos. Nous pourrions continuer longtemps à disserter de sémantique et je pourrais m'efforcer de combler vos lacunes en la matière, encore que la tâche paraisse insurmontable, mais quand bien même j'aurais passé en revue toutes les énormités dont vous nous avez gratifiées en vous donnant des airs de savant, ce qui assurément prendrait un certain temps car malheureusement vous êtes du genre à vous étendre, cela n'aurait toujours aucun rapport avec mon billet. Je vais donc tâcher une fois de plus de vous expliquer, car je vois bien en effet que vous ne comprenez pas. Seulement vous pouvez me croire, cela n'a rien à voir avec un quelconque défaut de mon billet, lequel n'en est sans doute par ailleurs pas exempt, mais plutôt avec un défaut de votre intelligence, devant lequel je suis malheureusement impuissant. La peur peut tout à fait être un sentiment rationnel, ce par quoi j'entends qu'on peut fort bien avoir raison d'avoir peur, à savoir quand ce sentiment a pour objet un danger réel. Si ce que vous me dites, c'est que ce n'est pas la peur elle-même, comme sentiment, qui est rationnelle, mais le fait d'avoir peur, je suis prêt à l'admettre pour vous faire plaisir, mais cela ne change absolument rien à ce que je dis. D'ailleurs, je peux bien vous accorder toutes les distinctions de casuiste que vous voudrez, cela ne changera rien à l'affaire. Il n'en restera pas moins, en effet, que refuser de prendre en considération ce que dit quelqu'un qui exprime de la crainte au motif que, précisément, il éprouve de la peur, est parfaitement stupide. Je ne sais pas où vous avez vu que la peur concernait nécessairement un danger imminent, il me semble personnellement qu'on peut fort bien, par exemple, craindre pour l'avenir de ses enfants, ce qui assurément nous renvoie à un avenir relativement lointain. Mais quand bien même je vous accorderais ce point, cela n'a aucune importance. Quand je parle du danger de l'immigration pour l'Europe, par exemple, je ne parle pas d'un danger imminent, mais cela n'empêche pas les gens de votre espèce de m'expliquer que je ne fais qu'agiter les peurs ou répandre le discours de la peur, entre autres formules journalistiques à la con. Or, c'est exactement ce dont il était question dans mon billet, qui prenait d'ailleurs cet exemple.

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  12. Ainsi, lorsque quelqu'un exprime une crainte, s'il est irrationnel, ce n'est certainement pas parce qu'il éprouve de la peur, car il peut fort bien avoir d'excellentes raisons d'avoir peur, mais éventuellement parce que sa peur n'a aucun fondement, qu'elle est irrationnelle en ce sens. D'ailleurs, vous semblez vous-même en convenir, puisque vous essayez ensuite de m'expliquer que j'ai tort de considérer que l'immigration représente un danger pour l'Europe. La façon dont vous vous y prenez, à défaut d'être originale, a au moins le mérite d'illustrer ce que je disais au sujet de votre ignorance et de la faiblesse de vos facultés intellectuelles. Nous avons ainsi droit au discours habituel sur la question, avec tous les clichés et manquements aux règles les plus élémentaires de la logique qui vont avec. Vraiment, tout y est, rien n'y manque. D'abord, l'histoire poignante du pauvre petit immigré venu en France pour gagner sa croûte, qui ensuite, c'est vous dire comme l'immigration est utile à la France, fera partie des FFI. Votre grand-père était sans doute un type très bien, comme d'ailleurs beaucoup d'immigrés aujourd'hui comme hier, mais je dois vous dire que je me contrefous de son histoire, comme de celle de votre grand-oncle espagnol. Je ne vois pas en quoi ce genre de sentimentalisme est d'une quelconque aide pour aborder le problème rationnellement. Votre petite histoire n'a qu'un but, c'est d'inférer à partir de la réussite de l'immigration dans le passé que les difficultés qu'elle provoque actuellement, dont il vous semble sans doute qu'on les exagère beaucoup, ne sont que passagères et pas vraiment différentes de celle qu'on a connu dans le passé. Mais pour cela, vous ignorez les différences entre la situation de l'époque et la situation actuelle, ou vous recourez à des arguments visant à nier cette différence sur les points habituellement avancés, mais le problème est que vos arguments ne démontrent absolument rien, sinon une méconnaissance assez inquiétante de la logique.

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  13. D'abord, vous expliquez que les Italiens n'ont pas vraiment été victimes du racisme avant 1940, ce qui est évidemment parfaitement faux. Si les pogroms contre les Italiens à la fin du XIXème siècle ou au début du XXème, comme le massacre d'Aigues-Mortes en 1893, ne sont pas des manifestations de xénophobie à leur égard, je ne sais pas ce qu'il vous faut. Il est possible que votre grand-père n'ait pas eu à en souffrir, mais ce n'est pas une généralité, ce qui au passage illustre l'un des inconvénients qu'il y a à tirer des enseignements de portée générale à partir d'un cas particulier. Évidemment qu'il y avait de la xénophobie à l'époque en France dont étaient victimes les immigrés, c'est même précisément à cause de cette xénophobie que les immigrés finissaient par s'assimiler, ce que vous et vos petits amis n'arrivez pas à comprendre. La xénophobie, bien qu'elle conduise évidemment à des extrémités fort regrettables, exerce une pression sur les immigrés qui les pousse à s'assimiler. Il s'agit de l'une des différences majeures avec la situation actuelle, puisqu'aujourd'hui on proclame le droit à la différence et qu'on n'exerce plus cette pression. De la même façon, à ma connaissance, on n'a jamais vu au début du siècle quarante mille Français d'origine italienne réunis dans un stade pour siffler la Marseillaise, pas davantage que "sale Français" n'était une insulte qu'on proférait régulièrement à voix haute dans les quartiers d'immigrés italiens. S'il vous prend l'envie de m'expliquer qu'il ne s'agit là tout au plus que d'éléments anecdotiques, je pourrai également vous citer quelques sondages tout à fait intéressants - réalisés de manière tout ce qu'il y a de plus scientifique par des instituts reconnus - sur le sentiment d'allégeance des Français d'origine immigrée aujourd'hui, du genre à vous faire douter que ces charmants jeunes gens prendraient le maquis comme votre grand-père pour défendre la France s'il le fallait... Ensuite, sur le fait que les immigrés italiens du début du XXème siècle étaient culturellement plus proches des Français que les immigrés actuels, ce qui rendait évidemment l'assimilation plus facile, votre argument est tout à fait stupide, je suis désolé de vous le dire. Vous dites en somme que les Français de l'époque se fichaient pas mal de cette proximité et qu'ils ne voyaient que des étrangers. C'est sans doute vrai, encore que cela demanderait à être nuancé, mais je ne vois pas en quoi c'est un argument : qu'ils aient eu conscience ou pas de cette proximité, celle-ci n'en était pas moins un fait objectif qui a facilité l'assimilation de ces immigrés. Vous aurez beau croire que la loi de la gravitation universelle n'est qu'une foutaise, vous n'en tomberez pas moins si vous sautez depuis la fenêtre d'un appartement situé en hauteur... Quant à votre argument selon lequel on entendait à l'époque les mêmes discours sur l'immigration, ce dont vous tirez la conclusion que, puisque ces discours étaient infondés à l'époque et que l'immigration a finalement été un succès, il en sera de même avec l'immigration actuelle, vous ne semblez pas vous apercevoir que vous commettez un paralogisme qui n'échapperait pas même à un élève de sixième médiocrement doué : ce n'est pas parce que les deux premières fois que Pierre a crié "au loup !", il n'y avait pas de loup, qu'il n'y a pas de loup la troisième fois qu'il crie "au loup !"... Contrairement à vous, je ne me fonde pas sur les impressions des gens ou sur l'histoire de mon grand-père pour tirer mes conclusions, mais sur les données objectives dont nous disposons et sur les mathématiques.

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  14. Or, le différentiel de natalité entre les populations italienne et française de souche à l'époque n'avaient rien de commun avec celui entre les populations immigrées et les Français de souche aujourd'hui, or c'est précisément ce différentiel qui si rien n'est fait conduira à une substitution démographique. En outre, la dynamique des flux d'immigration était également différente, du fait notamment que l'économie italienne était en phase de rattrapage par rapport à la France, ce qui hélas n'est pas le cas, en tout cas pas suffisamment, dans le cas des pays d'où sont issus les immigrés aujourd'hui. De plus, les flux en proportion de la population était moins importants à l'époque qu'aujourd'hui. En outre, il s'agissait d'une immigration de travail au sein de laquelle le taux de retour était exceptionnellement élevé, alors qu'aujourd'hui il s'agit d'une immigration familiale et que le taux de retour est quasiment nul. Je le répète parce que vous n'avez pas l'air de comprendre, mais il ne s'agit pas d'une opinion, tout cela sont des faits parfaitement objectifs, qui sont acceptés par tout le monde et qui ont des conséquences qu'on peut démontrer mathématiquement. Que vous soyez incapable de le voir, je l'ai bien compris, mais par pitié épargnez-moi votre discours démagogique sur les chiffres auxquels l'on fait dire ce qu'on veut. Les gens à l'époque avaient peut-être des chiffres, mais ce n'était certainement pas les mêmes, tout simplement parce que même du point de vue strictement statistique, la situation était extrêmement différente. D'ailleurs, contrairement à ce que vous dites, ils n'avaient pas de chiffres, parce que la statistique n'en était alors qu'à ses balbutiements. Les chiffres qu'on utilise aujourd'hui pour faire des comparaisons avec cette époque ont été reconstruits par des historiens. Par ailleurs, quand je dis que je me base sur des chiffres que tout le monde accepte, je devrais plutôt dire que je me base sur les chiffres officiels, ceux produits par l'Ined et l'Insee, en dépit du fait qu'ils sont grossièrement truqués, tellement que les crétins qui les ont manipulés ne sont même pas fichus de le faire correctement, puisqu'on y trouve des incohérences qui peuvent elles aussi faire l'objet d'une démonstration mathématique en bonne et due forme. Bref, pour revenir à mon point de départ, je suis tout à fait fondé à craindre la disparition de l'Europe sous l'effet de l'immigration, parce que tout indique en effet que si rien n'est fait, c'est très exactement ce qui arrivera au cours du XXIème siècle.

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  15. "parce que tout indique en effet que si rien n'est fait, c'est très exactement ce qui arrivera au cours du XXIème siècle."
    Et bien avant la fin du siècle.
    L'Europe n'est déjà plus elle-même et les Européens se contorsionnent pour ne pas le remarquer ou le comprendre...

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  16. « En réalité, quand un camion vous fonce dessus, vous n'avez pas le temps d'avoir peur. Vous identifiez un danger et une décharge d'adrénaline vous permet instantanément de dépasser tout cela. Tout s'explique scientifiquement.  »

    Oh purée ! Du Dorham pur sucre. je n'aurai pas fait le déplacement pour rien, il ne faut négliger aucune occasion de rire un peu, ces derniers temps.


    (Merci à vous, Philippe Lemoine, pour votre blog passionnant que je découvre seulement.)

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  17. Mon cher Georges, avec Dorham on ne sait jamais au fait s'il faut rire ou pleurer, mais vous avez sans doute raison d'en rire. Quoi qu'il en soit, je suis ravi que mon blog vous plaise.

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