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jeudi 24 février 2011

Réponse à l'hydre à deux têtes qui sévit chez Marie-Thérèse Bouchard

Qu'on se rassure tout de suite, en dépit de ce que pourrait laisser croire le titre de ce billet, n'ayant rien d'un Hercule ni d'un Robespierre, je n'ai aucunement l'intention de couper les têtes de cette hydre-là, d'autant que de toutes façons elles repousseraient sans doute. J'espère donc que Mlle Bouchard et M. Bernard me pardonneront cette audace et qu'ils prendront le temps de me répondre. J'écris en effet cette note en réponse aux derniers billets d'humeur (qu'elle a mauvaise semble-t-il) écrits par Mlle Bouchard sur son blog (à savoir celui-ci et celui-là), mais également aux commentaires laissés par M. Bernard en réponse à mes interventions sur le blog en question. J'ai déjà dit peu ou prou ce que je vais dire ici dans les commentaires de l'un des billets de Mlle Bouchard que j'ai mentionnés à l'instant, mais comme le sujet me paraît de la plus haute importance, il m'a semblé qu'il serait utile d'écrire un billet résumant de façon claire ma position et expliquant pourquoi je pense que le couple infernal suscité se trompe.

En premier lieu, histoire d'évacuer cela tout de suite, je voudrais dire que, contrairement à ce que semble penser M. Bernard (pour une raison qui m'échappe), je ne suis absolument pas un thuriféraire de l'État-providence et que d'une façon générale, je suis favorable à ce que l'État soit réduit aux fonctions régaliennes, ce qui soit dit en passant ne veut pas dire un État faible. Mon désaccord avec M. Bernard et Mlle Bouchard (que j'ai décidé de continuer à appeler "Bouchard", j'espère qu'elle ne m'en voudra pas) ne porte donc pas sur le rôle de l'État dans l'absolu, mais plutôt sur la stratégie politique qu'il convient d'adopter dans les circonstances actuelles. Tout au plus, s'il faut vraiment trouver un désaccord sur le fond (j'utilise cette expression en dépit du fait qu'il me semble que la question politique est d'une importance considérable), il semble que M. Bernard (j'ignore ce qu'il en est exactement de Mlle Bouchard) surestime l'importance de l'État-providence dans les difficultés auxquelles l'Occident est confronté, mais c'est anecdotique au regard de notre désaccord sur la question politique.

M. Bernard et Mlle Bouchard (du moins c'est ce que j'imagine dans le cas de cette dernière) sont d'accord avec moi sur le fait que l'immigration de masse représente une menace potentiellement mortelle pour la France et plus généralement l'Europe. Mais alors qu'il me semble que, compte tenu de la situation actuelle, il convient de lutter en priorité contre l'immigration de masse sans chercher à revenir sur l'État-providence, ils pensent au contraire qu'il faut se focaliser sur la question du rôle de l'État et s'efforcer de convaincre les Français de renoncer à l'État-providence. Accessoirement, il semble que M. Bernard et Mlle Bouchard pensent qu'il ne faut pas focaliser l'attention du public sur l'islam, quand au contraire je crois qu'il faut utiliser le sentiment de rejet que suscite cette religion chez les Européens pour lutter contre l'immigration. Je vais à présent m'efforcer de présenter plus en détail pourquoi je crois qu'il faut adopter la stratégie que je préconise et pourquoi il me semble que M. Bernard et Mlle Bouchard font tous les deux fausse route.

Le constat qui préside à mon analyse est que, compte tenu de la faiblesse actuelle de la natalité de la France et de l'Europe, ainsi que du solde migratoire largement excédentaire de notre continent, les peuples européens auront été submergés par des populations extra-européennes et seront devenus minoritaires d'ici à la fin du XXIème siècle. Mais nous aurons atteint le point de non retour bien avant que les individus d'origine extra-européenne soient devenus majoritaires dans la population, à savoir dès l'instant où les jeunes d'origine extra-européenne seront devenus majoritaires dans la population des moins de vingt-cinq ans, ce qui d'après les projections démographiques que l'on peut faire devrait arriver vers le milieu du siècle, après quoi le futur (ou plutôt l'absence de futur) de l'Europe aura été scellé et plus aucun espoir ne sera permis. J'en tire la conclusion qu'il faut impérativement renverser la tendance, c'est-à-dire faire en sorte que les populations autochtones croissent plus rapidement que les populations d'origine extra-européenne, avant que nous ayons atteint ce point de non retour.

Je pense que M. Bernard et Mlle Bouchard m'auront suivi jusque-là, notre désaccord porte sur la stratégie à adopter pour atteindre cet objectif. Il me semble que le seul moyen réaliste d'y parvenir, c'est de s'emparer de l'État et de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l'immigration, ce qui suppose de parvenir à remporter les élections, quitte pour cela à renoncer momentanément à remettre en question l'État-providence. Mettre un terme au phénomène de substitution démographique est donc l'objectif principal qu'il faut poursuivre, tout simplement parce que c'est la condition sine qua non de tout le reste. Tant qu'il y a un peuple français, peu importe l'état de décadence dans lequel il se trouve, il y a un avenir possible pour lui. Par contre, s'il venait à disparaître sous l'effet de l'immigration, alors on pourrait être sûr qu'il n'y aurait rien à sauver. C'est donc tout ce que nous avons besoin de savoir : si les peuples d'Europe viennent à disparaître, aucune civilisation européenne ne peut exister, peu importe la forme que l'on souhaiterait qu'elle ait. Tant que les peuples d'Europe continuent à exister, l'avenir du continent n'est pas hypothéqué.

Il sera toujours temps ensuite de revenir sur l'État-providence, mais dans la mesure où il me paraît inenvisageable de rassembler une majorité contre l'État-providence avant que nous ayons atteint le point de non retour, alors qu'il me paraît au contraire tout à fait réaliste de rassembler une majorité contre l'immigration avant cela, je crois qu'il serait contre-productif de mettre la remise en cause de l'État-providence au centre de la communication politique d'un parti ayant pour objectif de mettre un terme au phénomène de substitution démographique. Le phénomène de substitution démographique serait tout aussi dangereux pour l'Europe si c'était des Tibétains qui s'y déversaient par millions et non pas des musulmans venus d'Afrique et du Moyen-Orient. Le fait que ce soit des musulmans d'Afrique, dont la religion et les mœurs barbares heurtent les us et coutumes des autochtones est une formidable chance, si je puis dire, pour nous. En effet, si vous menez le combat politique sur le terrain de la lutte contre l'État-providence, vous divisez les indigènes et vous n'obtiendrez jamais aucune majorité, tandis qu'au contraire si vous utilisez le rejet spontané de l'islam par les populations européennes, vous rassemblez et vous avez toutes les chances d'obtenir une majorité à terme. Si par ailleurs il peut être utile électoralement de gauchiser son discours, de faire l'apologie de l'État-providence et de la laïcité, alors il faut le faire, car encore une fois la lutte contre l'immigration de masse est une question de survie qui conditionne tout le reste. La politique est une question de priorités : il faut être flexible sur l'accessoire et ne pas bouger sur l'essentiel. Paris vaut bien une messe, comme disait l'autre.

M. Bernard pense au contraire que le seul moyen de mettre un terme au phénomène de substitution démographique est de revenir sur l'État-providence et il croit qu'on ne peut y parvenir qu'en faisant progressivement sécession de façon à le rendre obsolète. (Outre les commentaires que j'ai déjà évoqués plus haut, je vous invite à lire sa tribune chez Stag pour en savoir plus.) Le choix de cette stratégie repose sur l'hypothèse qu'il est impossible de lutter contre l'immigration de masse dans le cadre d'une société qui s'organise autour d'un État-providence. D'autre part, cette réponse suppose qu'il serait possible d'avoir détruit l'État-providence de cette façon avant que nous ayons atteint le point de non retour, c'est-à-dire avant le milieu du XXIème siècle. Il me semble que c'est précisément sur ces deux points qu'il se trompe et que cela invalide tout son raisonnement. Je vais donc m'efforcer d'expliquer rapidement pourquoi ces deux hypothèses sont fausses et j'espère qu'il me répondra précisément sur ces points-là.

En ce qui concerne la première hypothèse, à savoir qu'il est impossible de lutter contre l'immigration de masse dans le cadre d'une société qui s'organise autour d'un État-providence, j'ai indiqué dans les commentaires du blog de Mlle Bouchard pourquoi il me semble que l'État, qui est une structure extrêmement hiérarchique et pyramidale, serait parfaitement à même de mettre un terme à l'immigration de masse s'il existait une volonté politique de lutter contre ce phénomène au sommet de l'État. Je pense que c'est parfaitement exact, mais après tout il ne s'agit jamais que de raisonnements théoriques, dont j'admets qu'il est parfaitement possible, en principe, qu'ils soient invalidés par les données empiriques. Mais il existe un moyen beaucoup plus sûr de montrer avec certitude que c'est faux : il suffit de trouver un contre-exemple à cette généralisation. En effet, s'il existe un État-providence qui parvient à lutter contre l'immigration de masse, alors il n'est pas vrai qu'aucun État-providence ne peut lutter contre l'immigration de masse. Or, comme je l'avais fait remarquer dans les commentaires que j'ai laissés sur le blog de Mlle Bouchard et comme l'a ensuite rappelé Flannigan, il existe des États-providence qui n'ont aucun problème à lutter contre l'immigration de masse, comme le Japon par exemple.

J'insiste sur le fait que cela suffit à démontrer, sans aucun doute possible, qu'il n'est pas impossible de lutter contre l'immigration de masse dans une société qui dispose d'un État-providence. Sauf erreur de ma part, l'unique réponse de M. Bernard à cette objection consiste à faire remarquer que le Japon est un pays décadent, dont la démographie est particulièrement faible. Admettons en effet que le Japon soit un pays décadent, au moins il ne risque pas de disparaître, tandis que la France et plus généralement l'Europe sont directement menacés de disparition. Un pays décadent, tant qu'il continue d'exister, peut toujours espérer un redressement, mais ce n'est évidemment pas le cas d'un pays qui a cessé d'exister, comme ce sera bientôt le cas de la France à moins qu'on ne parvienne à inverser la tendance avant que nous ayons atteint le point de non retour. Ce qui m'amène à la seconde hypothèse de M. Bernard, à savoir qu'il serait possible d'avoir détruit l'État-providence en mettant en œuvre la stratégie de sécession qu'il prône avant que nous ayons atteint ce point de non retour. En effet, même s'il se trompe quand il dit qu'il est impossible à un État-providence de lutter contre l'immigration de masse, il se pourrait qu'il soit également possible d'y parvenir avec la stratégie qu'il propose, ce qui aurait l'avantage de nous débarrasser de l'État-providence du même coup.

Évidemment, il est impossible d'affirmer avec une certitude absolue que cette stratégie ne pourrait jamais aboutir d'ici au milieu du siècle, dans la mesure où le seul moyen de s'en assurer serait d'essayer et d'observer le résultat. Cependant, il me semble difficile de croire que cette stratégie pourrait aboutir avant qu'il ne soit trop tard, et à vrai dire j'ai du mal à concevoir que M. Bernard lui-même y croie vraiment. Quand bien même cela serait une possibilité, il me paraît encore moins contestable que la stratégie que je propose a beaucoup plus de chances de réussir. Par conséquent, dès lors que l'on s'efforce de faire des choix rationnels, il me semble que l'on doit préférer ma stratégie et que M. Bernard et Mlle Bouchard se trompent. Voilà donc ce que j'avais à dire sur cette question, j'espère que mon radotage n'aura ennuyé personne.