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jeudi 30 septembre 2010

Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit

J'entendais encore récemment cette rengaine à la con, qu'on entend assez régulièrement sur les plateaux de télévision et de radio, dans la bouche de Mohammed Sifaoui, lequel était reçu chez Ménard pour parler de son pamphlet contre Zemmour. Il semble qu'à chaque fois que quelqu'un prononce cette phrase, il entend qu'elle mette fin d'autorité à la discussion, comme si c'était une sorte d'arrêt divin , gravé dans le marbre en haut de quelque mont Sinaï, devant lequel nous autres pauvres mortels ne pouvons que nous incliner comme des Bénédictins devant la Sainte Couronne. En général, les choses se passent à peu près de cette façon, quelqu'un fait une remarque qui n'est pas trop du goût de l'un des membres du clergé politico-médiatique présents sur le plateau, lequel se tourne alors vers l'impudent et lui dit sur le ton de l'évidence : "Mais enfin mon bon Monsieur, vous n'êtes donc pas au courant ? Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit. Alors s'il-vous-plait fermez donc un peu votre claque-merde et laissez-moi reprendre mon explication au sujet des vertus du métissage et du multiculturalisme."

La question que je me pose invariablement quand j'entends quelqu'un débiter cette connerie est la suivante : mais qui donc a bien pu décréter que cela ne pouvait pas être à la fois une opinion et un délit ? En effet, il est évident que le racisme est à la fois une opinion et un délit : c'est une opinion parce que c'est une proposition que chacun peut fort bien examiner en tant que telle et c'est un délit parce qu'une bande d'abrutis a décidé de pondre une loi qui sanctionne l'expression de cette opinion. À moins bien sûr que nos amis censeurs - qui sont par ailleurs, ne vous y trompez pas, les plus ardents défenseurs de la liberté d'expression, à condition naturellement qu'elle ne soit pas trop libre quand même - prétendent à légiférer sur ce qui se passe dans le secret des âmes, ce qui n'est d'ailleurs peut-être pas si éloigné de ce à quoi ils aspirent en effet... Quoi qu'il en soit, dès que j'aurai le temps, je me fendrai d' un billet sur le racisme, dans lequel je m'efforcerai de distinguer plusieurs thèses que l'on confond sous cet unique vocable, en tâchant d'expliquer pourquoi, d'après moi, parmi ces différentes variétés de racisme, si tant est qu'il soit judicieux de les appeler ainsi, une seule mérite vraiment la condamnation dont on les frappe toutes indistinctement.

2 commentaires:

  1. "c'est un délit parce qu'une bande d'abrutis a décidé de pondre une loi qui sanctionne l'expression de cette opinion"

    Il n'existe pas de délit de racisme: ce qui est pénalisé, ce sont, par exemple, la diffamation raciale et l'incitation à la haine raciale (y compris si le diffamateur ou l'incitateur n'est pas raciste), infractions dont l'élément matériel recouvre approximativement, mais pas exactement, l'expression d'une opinion raciste. J'ajoute que cet argument est en général utilisé de manière détourné, non pas pour faire taire quelqu'un qui a émis une opinion raciste, mais, par une sorte de retournement, pour affirmer que cette opinion est raciste et en conséquence pour faire taire, par l'usage d'une menace (plus ou moins explicite) les dénégations de l'interpellé sur le caractère raciste de ses propos (avantage du procédé: pendant que le "raciste" se débat sur ce point, l'attention est détournée du fond de ses propos). De nombreuses pages web attribuent cette phrase à Guy Bedos, mais je n'ai pas trouvé de source.

    J'ai vu deux variantes de cette phrase: "tel culte n'est pas une religion, c'est une secte" et "la pédophilie n'est pas une orientation sexuelle, mais une infraction".

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  2. Ce qui m'importe, c'est que l'expression d'une opinion raciste est sanctionnée par la loi, ce qui est en effet le cas. Naturellement, le racisme en tant que tel, tant qu'il est tu, n'est pas susceptible de poursuites, mais croyez bien que c'est uniquement parce que l'on n'a pas encore trouvé le moyen d'entrer dans la tête des gens. Tout cela est déjà assez scandaleux en soi, mais comme de surcroît un grand nombre de juges ayant à se prononcer sur ces affaires sont des analphabètes, il arrive fréquemment que des propos qui n'ont absolument rien de raciste soient sanctionnés. Il est vrai qu'en dernière instance, ces décisions complètement délirantes sont généralement cassées.

    Quant à l'origine de cette phrase, j'avoue que je l'ignore. Je n'ai jamais entendu Guy Bedos se fendre de cette déclaration (en revanche c'est l'une des répliques favorites de Dominique Sopo), mais je n'ai aucun mal à l'imaginer en train de le faire, tant il ne fait aucun doute qu'il est largement assez con pour cela. Les autres formules que vous avez mentionnées dénotent une confusion similaire, mais elles me préoccupent moins, car elles ne servent pas d'instrument politique.

    Pour ce qui est de votre remarque sur l'usage qui est fait des lois qui constituent en délit (ou en circonstance aggravantes d'un délit) l'expression d'une opinion raciste, je vous invite à lire le billet que j'ai publié sur la liberté d'expression en France.

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